Pierre Jean Jouve, le feu de la chair

Jouve est mort, en 1976, dans l’indifférence générale. L’idée très haute qu’il s’était toujours faite de son métier d’écrivain l’avait définitivement éloigné d’un monde se vautrant avec délice dans l’inculture et la vulgarité.
Toutefois, après vingt ans de purgatoire, sa figure aristocratique brille comme un soleil noir au firmament des lettres françaises, entre Apollinaire et Saint-John Perse. Ses « Oeuvres complètes » sont en cours de publication et beaucoup de ses textes sont disponibles en édition de poche.
Né à Arras, en 1887, Jouve a fait ses débuts littéraires dans l’entourage de Jules Romains et de Romain Rolland. Après la Première Guerre, il donne à son œuvre une orientation nouvelle : sous l’impulsion de Freud, il explore les profondeurs de notre désir de mourir. « Paulina 1880 », « Le Monde désert », « Sueur de sang » sont nés des tragiques splendeurs de Florence, de Sils-Maria, de Carona.

Type (Documentaire / Documentaire fiction / Série documentaire)Série DocumentaireGenreArt & cultureCollectionUn siècle d'écrivains Écrit parOlivier Mille, Robert KoppRéalisateurOlivier MilleAvec le soutien du Bibliothèque de France, CNCDistributionADAV, Artline FilmsAnnée1996Durée45min

Le film de Robert Kopp et d’Olivier Mille ne se contente pas de retracer l’itinéraire de Jouve et de le situer dans son siècle. Il recrée, à travers les paysages que Jouve a aimé, au moyen des tableaux avec lesquels il a vécu et la musique qui a été la sienne, l’univers à la fois sensuel et spirituel de Jouve. Aussi les témoignages de son vieux complice Balthus, de Catherine Jouve, la petite fille du poète, de Jean Starobinski, son ami pendant les années sombres de l’Occupation, Michel Fano, qui l’a aidé à déchiffrer les partitions d’Alban Berg, s’insèrent-ils dans un récit dont l’auteur pourrait être Jouve lui-même.

Récit dramatique, plein de rebondissements et de surprises, tant est riche en événements l’existence d’un des témoins les plus exigeants de notre siècle. La voix et le visage de Jouve, extraordinairement mobile et expressif, sont ceux-là même que l’un des auteurs du film a encore connu au moment où il lui a consacré un Cahier de l’Herne.

Jouve lisant Le Bois des Pauvres, Jouve parlant de son enfance mélancolique à Arras, de sa vie d’infirmier pendant la première guerre, de l’appel du 18 juin, sont des moments particulièrement émouvants de ce film qui combine avec art et adresse le document, l’interview, le témoignage, l’archive, le paysage, la musique.

Olivier Mille et Robert Kopp ont su rendre sensible le monde déchiré de Jouve, l’écartèlement entre son érotisme brûlant et sa soif d’absolu. Quant aux images de l’Engadine qui encadrent et rythment leur parcours, elles font de ce film un opéra fabuleux.

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