Il était une frite une fois

Certes. Mais cela ne suffit pas à expliquer le succès de la frite, nourriture du pauvre, mais au design universel, mangée à la main mais tellement cuisinée, accommodable à toutes les sauces, et pourtant déclinable à l’identique au travers du monde entier.

Bien entendu, une multinationale américaine y est pour quelque chose. Mais ses racines remontent à bien plus loin, aux Incas qui découvrirent la pomme de terre, aux conquistadores qui l’importèrent, à Sainte Thérèse qui en est devenue la sainte patronne, à Thomas Jefferson, père fondateur américain, qui l’importa aux Etats-Unis.
Aux yeux de Roland Barthes, elle est l’incarnation, avec un bon steak, de la force française. Elle a pu servir d’argument de liberté aux Etats-Unis contre l’arrogance française. Elle est un des derniers symboles unitaires de la Belgique (avec le roi Albert 1er). Et à Marseille, son huile fait rouler des voitures et des bus municipaux. Roule, ma frite !

C’est cette histoire de que veut raconter ce film – une histoire pleine de rebondissements qui remontent à la fois à la nuit des temps et au fils du Soleil. Une histoire qui suit le développement humain, de la découverte des nouveaux mondes à la démocratisation des Lumières, des bouleversements géopolitiques (chute du Mur) aux grandes révolutions économiques, technologiques et sociales – sans jamais perdre des yeux sa magnifique forme géométrique, celle d’une banale patate finement découpée en lamelles dorées. Une histoire pleine de voyages lointains, de querelles diplomatiques, d’aventures scientifiques et industrielles.

Tous ces aspects insoupçonnés apparaîtront au travers de scènes de vie et de reportages, d’extraits de films et de publicité, de témoignages inédits en plusieurs langues aux différents coins du monde. Il en résultera une vision impressionniste, réaliste et précise même si parfois hilarante, de l’évolution du monde. Pas celle décrite dans les livres d’histoire, celle qui correspond au besoin et au plaisir quotidien d’un bon cornet de frite.