Deux histoires de prison
La contestation politique née de la fin des années 60 au Portugal, s’était cimentée autour de l’opposition à la guerre coloniale que le gouvernement menait en Angola, au Mozambique, en Guinée, au Cap-Vert. Cette lutte avait pris un sens particulier pour les femmes qui voyaient leur mari, leurs fils, leurs camarades d’université quitter le pays pour de longues années. Quand ils ne partaient pas pour la guerre, les hommes s’exilaient pour échapper au service militaire et à la répression ou pour fuir la misère partaient travailler en Europe ou en Amérique.
C’étaient aux femmes, restées au pays, à la ferme, à l’usine qu’il revenait d’assurer le quotidien, l’éducation des enfants, la lutte contre la pauvreté. Et tout cela dans un système archaïque et patriarcal où les femmes n’avaient aucun droit. Pourtant, dans ce pays isolé et sous-développé, beaucoup de portugaises n’ont pas hésité à prendre position, à entrer en résistance et à lutter contre la dictature.
Type (Documentaire / Documentaire fiction / Série documentaire)Documentaire GenreHistoire & Investigation Société & Economie RéalisateurGinette LavigneAvec le soutien du CNC, ICAM, MC, RTPFestival(s)Sélection officielle, Sunny Side of the Doc (La Rochelle, 2004)Année2003Durée52min
Le 25 avril 1974, alors que le pays entier couvre d’œillet rouges les militaires du Mouvement des Forces Armées, ce sont ces femmes, prisonnières à Caxias qui s’affrontent au nouveau pouvoir, discutent avec les militaires et qui refusent de quitter la prison sans leurs camarades d’incarcération.
C’est avec quelques-unes de ces femmes qui ont été arrêtées et emprisonnées à Caxias que se fera ce film. Certaines ont été détenues de longues années et n’ont été libérées que le 26 avril, d’autres ne sont restées à Caxias que quelques mois et faisaient partie de la foule qui attendait devant les portes de la prison qu’on libère leurs camarades.
Elles étaient sympathisantes de partis de gauche ou d’extrême gauche, sympathisantes d’organisation démocratiques, ou chrétiennes en lutte contre l’injustice, parfois même elles n’avaient aucun lien direct avec les organisations clandestines ; mais toutes avaient en commun leur opposition au régime fasciste qui avait engagé le pays dans cette guerre coloniale sans fin, traumatisante et désastreuse, où la jeune génération portugaise perdait si ce n’est la vie, au moins le goût de vivre.
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